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Après plus d’une année de recherche généalogique, il est temps pour moi de commencer à vous partager certaines de mes découvertes. Au cours de mes longs mois d’enquêtes, de recherches dans des monticules d’archives (numérique certes, mais tout de même), d’espoirs et de désillusions, de pistes et d’hypothèses. Le temps est venu de vous parler de mon plus lointain ancêtre connu de la branche paternelle de ma mère.

Pour cela direction, le Languedoc, cette province de l’Ancien Régime (donc avant la proclamation de l’Assemblée nationale) qui s’étendait de ce qui se rapproche maintenant de l’Ardèche au Nord, de l’Aude à son extrême Sud, en passant par le Gard à l’Est et l’Est de la Haute-Garonne actuel pour ce qui de l’Ouest de cette province.

1844 – LOUIS IX, DIT SAINT-LOUIS, ROI DE FRANCE (1215-1270) par Émile SIGNOL

Plus précisément, mon enquête débute sur la rive droite de l’Aude. À Carcassonne. Célèbre pour sa majestueuse cité fortifiée, que Louis IX dit Saint-Louis voulu invincible.

C’est en reprenant les recherches effectuées par mon cousin Frédéric PLANCARD sur cette branche que j’ai certainement rencontré mes premières émotions généalogiques.

Durant cette année de recherches, je ne m’étais pas penché sur cette partie-là de mon arbre généalogique. Par respect pour le travail titanesque effectué par Frédéric, sûrement par peur de faire moins bien et également submergé par la sensation de ne pas être capable d’être à la hauteur de mes attentes.

Nos premiers échanges en visio-conférence sont arrivés et furent des moments de partages exceptionnels pour moi. Au travers de ses récits familiaux et de ses recherches, j’ai découvert cette branche familiale dont je ne savais que peu de choses. Ces découvertes m’ont ainsi amené à vouloir apporter une pierre à cet édifice déjà bien bâti qu’il avait entrepris au travers de son blog : Les Plancard et leurs ancêtres.

Ne voulant pas perdre cette envie, je me suis attelé à la lecture de son blog et l’analyse de son arbre généalogique. Je me suis rapidement aperçu que ses recherches s’étaient arrêtées à un certain François PLANCARD, inhumé dans la paroisse Saint-Michel de Carcassonne ; une des deux paroisses de la ville basse ; le 24 février 1742. Qu’il fût marié à une certaine Paule FAGES, inhumée dans la même paroisse le 5 octobre 1749.

S’en est suivi l’analyse des états paroissiaux de leurs 8 enfants : Jean (1707 – X // notre ancêtre direct), Rose (1709-1713), Pierre (1711-1722), Jean (1714 – X), François (1715 – X), Jeanne (1718 – 1744), Pierre (1720 – 1723) et Catherine (1723 – 1725).

©Extraction arbre généalogique Généanet – Romain JOLY

Constations faites, mon objectif fut le suivant : retrouver des actes de la vie de François et Paule. Il me alors parut évident qu’il fallait retrouver l’acte de mariage de notre dernier couple connu.

Après un calcul, peu savant, je l’admets, j’en ai déduit qu’ils avaient dû se marier quelques années avant la naissance de leurs premiers enfants. Je me suis alors fixé une plage d’année pouvant correspondre à un mariage : de 1700 à 1707. J’ai volontairement intégré l’année 1707, en me rappelant d’une phrase qu’avait eue mon cousin : « À l’époque, il pouvait se marier par circonstances ». Plus simplement, il se pouvait que Paule ait été enceinte de François sans qu’ils ne soient mariés.

Mais où avaient-il pu se marier ? Les éléments en ma possession ne pouvaient pas m’apporter de certitude. Ils étaient inhumés en la paroisse Saint-Michel et leurs enfants étaient tous sans exception baptisés dans cette même église. Après quelques heures d’hésitation, j’ai pris la direction des registres paroissiaux disponibles. Trois cent vingt pages plus tard, rien !

Se tourner vers la seconde : la basse-paroisse de Saint-Vincent, est la seule solution qu’il me reste. Trois cent onze pages de registres examinées plus loin et le voilà. L’acte de mariage est là ! Sans hésitation aucune ! Ils sont les seuls à s’appeler ainsi dans tous les registres.

Le 24 août 1706, à la basse-paroisse de Saint-Vincent s’est marié François PLANCARD et Paule FAGES.

Le vingt-quatre août 1706 ont été joints en mariage dans les règles canonique et …. François PLANCARD cardeur de la ville de Limoux et Paule FAGES fille de Germain FAGES boulanger de la presante paroisse en presance de mopy pretre ………

Acte de mariage François PLANCARD et Paule FAGES, AD11 – Document 100NUM/AC69/GG234

Ces quatre lignes trouvées après de longues heures de recherches furent une de mes plus grandes joies généalogiques depuis le début de cette aventure. Le plus intéressant reste ce qu’on peut y lire : « François PLANCARD, cardeur de la ville de Limoux« 

C’est là que l’enquête commença véritablement ! Carcassonne doit être abandonné quelque temps dans mes recherches. Je me devais de me tourner plus au sud, à Limoux.

Vingt petits kilomètres au sud de la ville invincible qui aurait pu tout changer. Et pourtant, vingt petits kilomètres qui changent tout. Deux hypothèses apparaissent à moi :

  • François est comme je le pense un enfant du Limouxin
  • Le vicaire indique le lieu de sa profession à titre informatif.

Du peu d’expérience accumulé, je savais d’avance que les prêtres et autres transcripteurs d’actes de l’époque ne perdaient pas de temps à indiquer des informations futiles. Le temps et l’argent régissaient déjà les dépenses des paroisses.

La décision est prise ! Je dois aller consulter les registres des paroisses de Limoux. Elle sont aux nombres de deux : la paroisse de Notre-Dame-de-Salles (aujourd’hui disparu) et la paroisse de Saint-Martin.

En comparant, la quantité d’archives disponible sur le site des Archives Départementale de l’Aude, le choix de la paroisse Saint-Martin s’impose ! Frédéric décide quant à lui de se focaliser sur la paroisse de Notre-Dame-de-Salles, dans le même but.

Itinéraire pédestre entre Carcassonne et Limoux

Avant d’examiner les registres, je me fixe un âge de mariage compris entre 18 ans et 40 ans pour François. Cependant, tout ne se passe pas comme je l’avais imaginé. C’est même une chose étrange qui se joue devant moi. Je ne retrouve aucun patronyme PLANCARD. Rien.

La seule et vague piste à suivre est un acte de baptême d’un certain François BLANCARD né le 3 octobre 1672 dans la paroisse Saint-Martin. Mais le patronyme n’est pas le bon quoique pas si loin du mien.

Je remonte donc au-delà de la plage de date que je m’étais fixée. Après l’étude minutieuse de tous les actes. Dix autres enfants BLANCARD y sont présents, tous avec les mêmes parents. Finalement BLANCARD et PLANCARD c’est tellement proche et différent à la fois. L’hypothèse de l’erreur de transcription sur un des actes en ma possession apparaît. Elle est d’autant plus plausible qu’aucune autre famille avec ces patronymes n’apparût dans les registres de Limoux.

Je décide donc de faire un retour en arrière pour me baser sur ce que nous connaissons et avons en notre possession. J’épluche donc les actes de baptême des huit enfants du couple François PLANCARD et Paule FAGES à la recherche du moindre indice pouvant me rattacher à cet homme retrouvé à Limoux.

Acte de baptême de Jean BLANCARD, le 5 juin 1707, paroisse Saint-Martin de Limoux – AD11 – Document 100NUM/AC69/GG235

Dès le premier acte, c’est gagné. L’acte de baptême de Jean, premier enfant du couple nous montre très clairement que la piste devient plus que plausible. En effet, on peut y lire très clairement que le prêtre le nomme : Jean BLANCARD, dans la marge du document.

Dans l’acte lui-même on peut y lire qu’il est le : « fils de François BLANCARD, Cardeur et de Paule FAGES« 

Plus de doute possible, trop d’indices se relient entre eux. François BLANCARD, est donc bien notre François PLANCARD marié à Paule FAGES en 1706. Il est donc né dans la commune de Limoux.

Acte de baptême de François BLANCARD, le 3 octobre 1672, paroisse Saint-Martin de Limoux – AD11 – Document 100NUM/AC206/GG60

Nous apprenons donc ceci : les parents sont Jean BLANCARD et Marie DE PRATS, mariés et de cette paroisse. Le parrain du nouveau baptisé est Antoine BLANCARD et sa marraine Marie DE BLANCARD. François BOUILLONADE et Antoine PRATS sont témoins et signes l’acte avec le prêtre.

Ma première victoire est acquise, le sentiment de ne pas être à la hauteur disparaît et me voilà gonflé d’une énergie débordante qui me fera passer de longues nuits à chercher ces ancêtres Limouxin.

Moi, l’enfant des terres de Marcel Pagnol, je ne pouvais imaginer avoir des racines dans l’ancien pays Cathare. Dans le prochain article, nous continuerons cette enquête, qui vous le verrez nous révélera bien des surprises à propos de ces ancêtres d’un temps lointain.